La Mishna La Mishna
rassemble sous la forme d’énoncés concis, soit catégoriques, soit
problématiques (dans le cas des controverses), les lois bibliques, les
amendements (taqanot) et les décrets (gezerot) rabbaniques, ainsi que les usages consacrés (minhagim). Son élaboration fut lente et s’étendit
sur une période de quatre siècles (– 200, + 200 de l’ère vulgaire). À
Yabné, ce furent les disciples de R. Yohanan b. Zakaï qui, les
premiers, entreprirent, après les événements tragiques de la
destruction du Temple et de l’exil (en 70), de recenser et d’ordonner
les traditions orales jusque-là éparses. Ils sont appelés, de ce fait,
les tannaïm (maîtres de la Mishna). L’un d’eux,
Rabbi Akiba (mort martyr vers 135) commença la compilation systématique
de l’enseignement oral, que poursuivront ses disciples, et tout
particulièrement Rabbi Meir. C’est R. Yehuda ha-Nassi (Juda-le-Prince)
qui clôt le cycle de la Mishna, dont il nous a laissé la mouture
définitive. Le Talmud dit en une formule : « Lorsque mourut Aquiba,
Juda était né. » En marge de la Mishna, nous disposons d’autres énoncés tanaïtiques, qui ne furent pas retenus dans le canon : les boraïtot (les « extérieures ») qui sont citées dans la Gemara, et les toseftot (les « additions ») que rassembla R. Hiyya, disciple de R. Yehuda ha-Nassi.
Le Talmud Le Talmud (« l’étude ») réunit la Mishna et la Guemara,
présentée comme son commentaire. C’est l’élucidation systématique de
l’enseignement oral, entreprise par les disciples de R. Yehuda
ha-Nassi. Ses disciples immédiats ouvrent l’ère des amoraïm
(« les explicitateurs »). Apparaissent alors de nombreuses académies,
en Palestine d’abord, à Tibériade, à Lydda, à Séphoris, à Ousha et à
Césarée ; puis en Babylonie, dont les premiers maîtres reçurent
l’ordination en Palestine, dans les villes de Soura, Poumbedita,
Nehardea et Naresh. R. Yohanan (199-279), scholarque de l’académie de Tibériade, envisagea la rédaction d’un commentaire de la Mishna
qui contînt les différentes discussions qui s’y rapporteraient.
Poursuivie par ses disciples sur deux générations, son entreprise donna
jour au premier Talmud, dit improprement Talmud de Jérusalem. Plus
tard, en Babylonie, la même entreprise fut conduite par R. Ashi
(352-427), scholarque de l’académie de Soura, et continuée par ses
disciples jusqu’au septième siècle. Ainsi fut constitué le Talmud dit de Babylone. Dans aucun des deux Talmud, la Guemara n’est complète. Dans le Talmud de Jérusalem, la Guemara couvre 39 traités contre 37 dans le Talmud de Babylone ; mais ce dernier est d’une étendue huit fois supérieure à l’autre. Depuis
l’édition Bomberg (Venise, 1520-1523 pour le babylonien ; 1523-1524
pour le palestinien), reproduite, enrichie de commentaires, par les
frères Romm (Vilna, 1882), une page du Talmud se présente ainsi : en
son centre, les textes de la Michna et de la Guemara ; dans la marge
intérieure, les gloses de Rashi (1040-1105), célèbre commentateur juif
français ; dans la marge extérieure, les commentaires des Tossafistes (XIIe-XIVe s.), disciples et successeurs de Rashi. Halakha et agada sont les deux versants du discours talmudique. La halakha (« marche », d’où règle de la vie pratique) contient l’énoncé des règles civiles, pénales et religieuses – les mitsvot ou commandements. C’est l’enseignement proprement exotérique du Talmud. La agada (du verbe araméen aged,
« narrer, raconter ») rassemble des relations historiques, des
paraboles, des sentences, des anecdotes édifiantes, des homélies qui
toutes renferment un enseignement ésotérique.
Contenu des traités du Talmud : 1. Ordre zera‘im :
des semences – Après un traité consacré aux bénédictions, il est parlé
des dîmes, prémices, offrandes, donations que l’on doit faire aux
prêtres, aux Lévites et aux pauvres, sur les produits de la terre ; du
chômage, des travaux des champs pendant la septième année ; des
mélanges interdits dans les semis et les greffes (en tout huit traités). 2. Ordre mo‘ed :
des fêtes – Du chabbat, des fêtes et des jeûnes ; des travaux et des
sacrifices à accomplir en ces jours. Il est aussi question des règles
pour la fixation du calendrier juif (onze traités). 3. Ordre nashim :
des femmes – Législation du mariage, divorce, lévirat, adultère, vœux
et naziréat ; tout ce qui a trait aux relations conjugales et d’une
manière générale aux relations entre les sexes (sept traités). 4. Ordre neziqin :
des dommages – Législation civile. Hormis un traité sur l’idolâtrie et
le traité Avot où se trouvent recueillies les sentences morales des
docteurs, cet ordre traite des transactions commerciales, achats,
ventes, hypothèques, prescriptions, procédure, organisation des
tribunaux, témoignages et serments (huit traités). 5. Ordre kodashim :
des choses saintes – Législation des sacrifices, des premiers-nés, des
viandes pures ou impures. Description du temple d’Hérode (dix traités). 6. Ordre taharot :
des purifications – Lois sur la pureté et l’impureté des personnes et
des choses, des objets capables de contracter l’impureté par le
contact ; règles liées aux phénomènes de la mort (neuf traités). |